La parole est à Philippe Degeneffe !

Cette semaine, la parole est à Philippe Degeneffe, le directeur général de Mars (Mons, Arts de la Scène). Bien que la crise du Covid 19 ne soit terminée, il nous explique comment il l’a traversée et esquisse prudemment de quoi sera fait la prochaine saison culturelle à Mons.

Quand vous avez entendu parler du Covid 19, imaginiez vous les conséquences qu’il a engendré ?
Non, pas du tout. J’étais en tous cas à 1000 lieues de penser qu’il allait nous obliger à annuler plusieurs dizaines de spectacles de la fin de la saison de Mars ainsi que le Festival au Carré. Il faut rappeler que notre secteur culturel a été, avec l’Horeca, le secteur le plus touché par cette crise et que celle-ci nous impacte très négativement … Nous sommes parmi les premiers à avoir arrêté nos activités et parmi les derniers à pouvoir les reprendre.

Quelles sont les premières dispositions que vous avez prises en tant que chef d’entreprise ?
La première action a été de gérer les annulations des spectacles et des concerts, d’organiser les reports pour certains d’entre eux, de procéder au remboursement des tickets. Je suis également le Président de la Fédération des Employeurs des Arts de la Scène de Fédération Wallonie-Bruxelles et, à ce titre, je me suis également investi avec tous mes collègues de la profession dans les contacts avec les pouvoirs publics et les autres fédérations du secteur en vue de s’organiser face à la crise et en atténuer dans la mesure du possible les effets négatifs. A l’instar de la grosse majorité de nos collègues en Fédération Wallonie-Bruxelles, nous avons également décidé de ne pas pénaliser celles et ceux qui sont en première ligne et souvent déjà dans des statuts très précaires, à savoir les artistes et les techniciens intermittents pour qui cette situation est une véritable catastrophe économique. Les cachets des artistes et techniciens intermittents programmés, et dont les spectacles ou concerts ont été annulés, ont donc été pris en charge à 100%.

M.A.R.S. est une entreprise culturelle qui réunit plusieurs “métiers”; y a t il des conséquences différentes selon que l’on soit régisseur, communicant ou secrétaire ?
Le télétravail a été imposé à l’ensemble du personnel dès le lundi 16 mars à midi et est toujours en cours actuellement. En effet, l’ensemble des services avaient du travail dû aux reports et aux annulations évoquées plus haut, au remboursement des tickets au public, à la préparation du Festival au Carré (on ne savait pas à l’époque que nous allions devoir l’annuler …) et de la saison prochaine 20-21, de la clôture des comptes 2019, entre autres. Certaines personnes sont cependant amenées à se rendre au bureau pour des tâches précises (relève du courrier, nettoyage et désinfection, gestion des facture, …) ou dans nos salles (maintenance de matériel) dans le respect strict des consignes de sécurité. Pour toutes ces raisons, il n’a donc pas été fait appel à l’époque au chômage pour raison de force majeure mais nous l’avons quand même instauré par la suite (du 1er mai à fin juin) à raison de deux jours par semaine pour l’ensemble du personnel.

Vous avez mené des “Animations surprises” sur des places et dans les quartiers; quel impact cela a-t-il eu ?
Au début de la crise, nous avons diffusé quelques-uns de nos concerts ou spectacles de théâtre sur nos réseaux sociaux mais très vite, nous avons lancé le programme « Mars en balade » qui consiste à offrir de la culture vivante, de la poésie et la force de la relation directe entre des artistes et des spectateurs confinés. Depuis plusieurs semaines, nous avons voyagé de quartiers en quartiers avec des surprises artistiques (musicales, dansées, voire théâtrales). Ces séances ne sont pas annoncées, afin d’éviter les rassemblements, mais nous relayons les meilleurs moments sur nos réseaux sociaux. Ces propositions sont gratuites pour le public et les artistes sont bien entendus rémunérés par Mars. Le projet a eu un très bel écho médiatique et les publics touchés ont été visiblement ravis par cette expérience originale, de même que les artistes, la plupart de la région d’ailleurs.

Après avoir “accusé le coup”, comment envisagez-vous la saison prochaine avec toutes les incertitudes actuelles ?
Nous avons pour l’instant plusieurs axes de travail. Nous allons poursuivre tout l’été des animations et des petits spectacles dans le centre-ville et les communes du Grand Mons en collaboration avec la Ville. Nous reprenons également dans les prochaines semaines les répétitions des différentes créations théâtrales qui ont été annulées et que nous proposerons au public la saison prochaine. Arsonic organisera également la reprise d’une série d’enregistrements de concerts classiques. Enfin, nous venons de lancer la nouvelle saison 20- 21 et nous devrions rouvrir les salles au public dans des conditions normales ou presque normales dès la mi-septembre. Concernant les éventuelles mesures de sécurité sanitaire qui seraient peut-être toujours nécessaires à la rentrée, nous les respecterons bien entendu scrupuleusement.

Dans votre façon de travailler, y aura t il un avant et un après ou le travail reprendra- t-il “comme avant” ?
Je pense qu’il y a deux éléments qui nous ont été imposés par cette crise et qui me font réfléchir à l’organisation future du travail. Le premier, c’est le télétravail. S’il n’est pas imaginable de le systématiser à l’avenir, il n’est pas impossible qu’on le permette dans certaines conditions puisque cette crise nous a montré que cela pouvait fonctionner correctement. Le second, ce sont les plateformes de vidéoconférences. Je ne compte plus les dizaines de réunions que nous avons organisées avec Teams ou Zoom ! J’ai la conviction que ces outils continueront à être utilisés après la crise. Aujourd’hui, une réunion d’une heure à Bruxelles me prend plus de trois de heures avec les déplacements … Quand ce sera possible, il est clair que j’utiliserai ce type d’outils à l’avenir.

Quel est aujourd’hui votre première raison d’être optimiste ou d’être pessimiste ?
Je suis d’un tempérament plutôt optimiste. Ma première raison de le rester aujourd’hui est très certainement la perspective de pouvoir reprendre nos activités, de retrouver le public et les artistes dans nos salles au mois de septembre. Nous attendons ces retrouvailles avec une grande impatience et l’envie pressante de pouvoir tourner la page de cette crise sans précédent. The show must go on !

SAVE THE DATE !

Le 12 septembre, M.A.R.S. vous propose de vous, nous retrouver dans la vraie vie pour la traditionnelle présentation de la saison. Des présentations à destination du milieu pédagogique, associatif et économique auront lieu le 10 septembre. (les détails d’organisation suivront). Concernant les éventuelles mesures de sécurité sanitaire qui seront peut-être toujours nécessaires à la rentrée, soyez assurés que nous les respecterons scrupuleusement.

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