En quête de nouveaux rivages, Caroline Kadziola accoste au « KANAL » !

Cette semaine, nous saluons le travail réalisé par la directrice générale de la Fondation Mons 2025, Caroline Kadziola, qui, après douze années de bons et loyaux services quitte la Capitale Culturelle pour d’autres horizons professionnels. Elle, elle referme la page montoise avec sérénité, avec le sentiment du devoir accompli.

Nous avons profité d’une « dernière » rencontre pour retracer le parcours qui l’a conduit vers Mons…

 

 

Bonjour Caroline, quel était votre bagage professionnel avant d’arriver à la Fondation, déjà une belle expérience en com ?

Au sortir de mes études J’ai travaillé dans un institut de lobby russe auprès de la Commission européenne mais j’ai rapidement pris le chemin de la communication en intégrant une agence internationale basée à Bruxelles (Edelman Public Relations). C’est dans cette agence que j’ai fait mes armes en la matière et y ai approfondi mes connaissances. Après 7 ans je suis revenue à Mons pour des raisons de convenance personnelle. J’y ai d’abord effectué un passage au CHU Ambroise Paré pour gérer la communication et ai, fin 2007, rejoint l’opérateur culturel le Manège (devenu Mars depuis) où j’ai également géré la communication pendant quelques années. J’ai rapidement été impliquée dans le projet Mons2015 qui en était encore dans sa phase de candidature pour le rejoindre complètement en 2013 pour, dans un premier temps, en gérer la communication et ensuite les relations internationales. En 2016 aux lendemains de la Capitale européenne de la Culture, la Fondation Mons2015 s’est reconstituée en Fondation Mons2025 pour coordonner entre l’héritage de Mons2015 et la première Biennale culturelle. J’ai œuvré à son développement dès ses débuts pour en prendre la direction en 2018.

 

Vous êtes arrivée à la Fondation dans la perspective de “Mons 2015”; il n’y a pas projet plus grisant ?

En effet c’était une magnifique perspective et je n’aurais pas pu rêver mieux comme expérience à ce stade de ma carrière. C’est encore plus grisant de revenir dans la ville ou j’avais étudié et passé une bonne partie de ma jeunesse pour œuvrer à sa métamorphose aux côtés de personnes aux profils et compétences tellement variées.

 

Concrètement, comment avez-vous géré l’avant et le pendant “Mons 2015” ? Aviez-vous des conditions de travail de rêves, avez-vous rencontrés des difficultés majeures liées aux conditions de travail, à l’équipe, au budget, … ?

Le défi était de taille et le projet ambitieux , il a donc fallu s’accrocher pour garder la cadence. Pendant quelques années l’équipe était très réduite et il fallait être sur tous les fronts ce qui a été très formateur mais loin d’être de tout repos ! Nous avions beau avoir un budget global confortable cela ne signifiait pas que nous dilapidions l’argent, que du contraire ! Nous nous étions imposés des règles pour réserver un maximum de budget à la mise en œuvre des projets artistiques et limiter les frais liés au fonctionnement. D’ailleurs en communication nous n’avions pas prévu de budget dans les phases préparatoires afin de pouvoir le réserver pour communiquer une fois que le contenu des projets serait sur la table. Quand on gère la communication c’est un peu frustrant, surtout lorsque l’on voit que les autres Capitales européennes de la Culture passent leur temps à communiquer, mais à refaire, nous referions exactement la même chose. Au fil des années l’équipe s’est étoffée et les bureaux du ‘106’ se sont vite remplis. Nous travaillions pour la plupart sur des plateaux communicants ce qui n’a pas toujours été aisé mais nous avons appris à nous organiser, nous respecter et surtout tirer le positif de la situation; en l’occurrence s’imprégner de l’énergie collective qui régnait.

 

 

Comment avez-vous vécu le “blues post Mons 2015” ?

Au lendemain de 2015, le plus compliqué a été de voir cette grande famille,  avec laquelle nous avions partagé des moments incroyables, se disloquer. Humainement ça a été très fort et donc difficile de voir tout s’arrêter du jour au lendemain même si certains, comme moi, sont restés. Cette aventure nous a marqué et certains liens sont indéfectibles.

Cette période a aussi marqué un tournant avec le départ d’Yves Vasseur à la retraite et l’arrivée de Philippe Degeneffe qui lui a succédé à ce qui était encore le Manège à l’époque. C’était une période de transition compliquée où il a fallu maintenir les attentes du public qui nous avait suivi pendant une année de folie et prendre le recul nécessaire pour souffler et relancer un projet qui s’inscrirait dans la lignée de Mons2015 avec d’autres moyens. Par chance la Fédération Wallonie Bruxelles a continué à soutenir la Fondation pour pérenniser les acquis de 2015 et poursuivre la métamorphose qui était amorcée. C’était en quelque sorte un nouveau challenge qui a été salutaire pour nous permettre de rebondir et capitaliser sur ce tout ce qui avait été mené.

 

Et puis, à son tour Anne Sophie Charle quitte le navire et vous en prenez la direction pour la première biennale; une autre fonction mais aussi d’autres responsabilités…

En effet il s’agit d’autres responsabilités mais étant là depuis de nombreuses années et ayant travaillé sur une grande partie des dossiers la transition s’est faite naturellement. Cela m’a demandé de prendre du recul par rapport à l’opérationnel et de me consacrer plus au management et à la stratégie générale. Cela était relativement confortable car j’’ai reçu la confiance du Conseil d’Administration qui m’a suivi dans mes choix.

 

 

A la ville aussi, tout change, un nouveau Bourgmestre, de nouvelles équipes et de nouvelles perspectives de développement touristique et culturel; comment avez-vous vécu ces changements et cela a t il provoqué votre départ ?

Une nouvelle politique culturelle s’est en effet progressivement mise en place au lendemain des élections communales d’octobre 2018 mais il n’y a pas eu de grand bouleversement. Le rapprochement du tourisme et de la culture a été le bienvenu et s’est inscrit dans la continuité de ce que nous avions entamé en perspective de 2015. Ces deux secteurs sont intrinsèquement liés et il est nécessaire à l’échelle d’une ville d’avoir une vision et gestion coordonnées de ces deux secteurs qui influent sur l’attractivité de la cité. Je dirais que le changement principal réside dans le retour au local avec un focus sur la décentralisation. Il y a aujourd’hui une volonté accrue de la part des élus d’amener la culture au plus proche des citoyens notamment à travers des projet d’animations dans les villages.

Mon départ de la Fondation correspond à une envie d’un nouveau départ et de vibrer à nouveau pour un projet qui me motive et auquel je peux apporter mes compétences et toute mon expérience développée ici à Mons.

 

Un petit mot, quand même, sur vos relations avec le Club Mons 2015, puis 2025 qui a connu lui aussi un avant, un pendant et un après “Mons 2015”

L’aventure du Club Entreprises, 2015 d’abord et Mons2025 par la suite, est une magnifique initiative née en 2013 de la volonté de toute une série d’entrepreneurs de s’associer au projet Mons 2015 avec leurs moyens qui n’étaient pas à la hauteur de ceux des majors sponsors. C’est comme cela que le Club réunissant quelques 800 entreprises  est devenu un des partenaires principaux de Mons2015 et de la Biennale Mons Capitale culturelle ensuite. Cela a permis à deux mondes – celui de la culture et de l’économie – de se rapprocher et s’apprivoiser pour ouvrir les champs et proposer de nouvelles interactions. C’est d’ailleurs un projet que nous envient beaucoup d’autres Capitales européennes de la Culture qui ne sont jamais parvenues à le concrétiser. En effet il a fallu un noyau dur d’entrepreneurs (amateurs d’art et de culture mais pas que !) et des personnes motrices du côté culturel qui y ont cru et fait bouger les choses pour que cela se concrétise et perdure au-delà de l’année Capitale. Pour y avoir œuvré je suis convaincue que la raison d’être de ce Club est différente de celle des autres business Club et qu’il a réellement sa place à Mons. Je lui souhaite longue vie !

 

En guise de conclusion; et si c’était à refaire ?

Je le referais sans hésiter! Ces années dans la culture à Mons m’ont fait grandir professionnellement et humainement.

 

Avec quel état d’esprit vous éloignez-vous professionnellement de Mons ?

Je suis sereine et heureuse du chemin que j’y ai parcouru. Je quitte Mons professionnellement mais ma vie personnelle y restera très connectée. Je cherche d’ailleurs à m’y installer prochainement pour rester imprégnée de l’esprit de Mons.

 

Quel sera votre nouveau challenge ?

Je vais désormais œuvrer au développement national et international du projet Kanal-Centre Pompidou à Bruxelles. Il s’agit d’un projet ambitieux et d’un gros challenge dans une zone particulière de la capitale. Je vais à nouveau retrouver ce grand écart entre le local et l’international mais j’en conclus que c’est ce qui m’attire et m’anime !

 

Le Club souhaite plein succès à Caroline Kadziola dans ses nouvelles attributions et la remercie du travail accomplit aux côtés du Club.

Gageons que le Club la retrouve sur les rives du projet « Kanal-Centre Pompidou » pour apprécier les réalisations de son prochain challenge.